N°16 - Mai 2002

L’équipe de rédaction : C.Auzépy    -    Thor   -   11 r. Chanez  -  75781 PARIS 16° - c.auzepy@thor.fr
ANFAS-BRP/FAS-BA 921-95155 TAVERNY.

Le mot du Président

Le 11 avril 2002 : Assemblée générale de l’association.
L’Anfas était invitée au siège social de l’association.
90 « anfasistes » réels plus les 151 virtuels dans ma sacoche (représentés par les procurations – merci à ceux qui ont participé par un timbre) ont pris d’assaut la base de Taverny en moins d’une demi-heure.
J’ai pris personnellement quelque plaisir à observer des détails : le portail base est plus facilement ouvert qu’ « avant » ; les FAS sont toujours à gauche, la DA à droite et l’œil du « trou », au milieu, clignote toujours dans l’axe des avions, en approche sur Roissy.
 
L’accueil est assuré par le second de la base. Les 90 présents étaient conscients de l’honneur que leur réservait le « big chef », le Gal Saucles, en montant sur l’estrade pour les recycler sur l’emploi des FAS, sur ses avions et ses hommes. Le Général a su employer les mots qui nous ont rappelé l’esprit FAS. Et, cerise sur le gâteau, le chef des OPS des Mirage reco, lieutenant-colonel aux nouveaux galons brillants, le Lt-Cl Dupré nous a présenté avec beaucoup de réalisme les missions des IV P sur l’Afghanistan. Merci mon Général d’avoir été en première ligne, merci mon Colonel de nous avoir débrifé vos missions opérationnelles.
 
Le recueillement dans la chapelle du souterrain était sensible à chacun. En commun avec nos amis des Groupes Lourds et des B26, ce fut un moment fort de notre réunion. Merci à ceux de la base qui ont animé ce temps de la prière et du souvenir. Les dépôts de la couronne aux couleurs FAS à la stèle FAS et du bouquet à celle de la DA nous ont remis devant les yeux les noms des amis peut-être oubliés. Et comme me disait l’un d’entre nous par la suite : « chapeau pour la messe dans la chapelle du trou en souvenir de nos morts ; on n’a rien trouvé de mieux pour se recueillir en pensant aux camarades disparus ».
Je vous passe sur le repas où l’ambiance était entretenue par des amis qui ne s’étaient pas vus depuis 10 ans et plus. L’expo photos a fait l’objet de nombreuses questions sur les noms et les dates.
 
Avec une heure de retard sur le programme, je vous laisse deviner mon marathon pour terminer la réunion dans les temps en passant en revue tous les points de notre AGO.
 
Cela s’est passé sur la base de Taverny le 11 avril de l’an 2002 et, de l’avis des épouses, ce fut une bonne journée. 
Merci aux présents et à tous, à la prochaine réunion le 
7 octobre à Luxeuil.

Aventure Américaine

En juillet 1962, une délégation, conduite par le Colonel GRIGAUT commandant la Base aérienne de Mérignac et composée du Colonel BAR chef du Bureau Plans des FAS, du Commandant COCHENNEC Commandant en second le CIFAS et du Commandant BROUSSAUD du Bureau Plans des FAS, se rendit aux Etats Unis pour une visite du Strategic Air Command à OMAHA et de l’Escadre de B58 Hustler basée à CARSWELL AFB près de Fort Worth (Texas). Cette visite revêtait une importance toute particulière à cette époque de la mise sur pied des FAS.
Non seulement l’organisation du SAC mais aussi la formation des équipages B58, seul bombardier supersonique d’alors, présentaient une valeur importante du point de vue de l’information.
A l’issue de cette visite le compte-rendu adressé au commandement fit ressortir deux points importants : l’envoi si possible d’équipages pour suivre le stage de formation B58 et la mise en place d’un officier de liaison à OMAHA.
Après négociations avec l’US Air Force et le SAC quatre équipages, à raison d’un par stage, furent admis à CARSWELL. Ultérieurement un officier de liaison, le Colonel HOURLIER, sera affecté à OMAHA.
Les quatre équipages, dans l’ordre chronologique, seront : le Commandant BROUSSAUD et le Commandant LURIN, le Capitaine LECOZ et le Capitaine SENEGAS, le Capitaine LECLERC et le Capitaine DELPECH, le Commandant MENANTEAU et le Capitaine RIEU.
 
L’histoire qui suit est celle de BROUSSAUD et de LURIN premier équipage pour le stage B58.
 
En avril 1963, le commandant BROUSAUD rejoignait à Washington le commandant LURIN qui venait de terminer son stage radar à MATHER AFB près de Sacramento (Californie). Le commandant LURIN était arrivé à Washington avec la voiture qu’il avait achetée d’occasion en Californie. Ce véhicule, dont la marque est aujourd’hui oubliée, était très impressionnant comme tous les véhicules américains de cette époque. Nous tentâmes tous avec LURIN de rejoindre CARSWELL et compte tenu de la distance avec le Texas nous partîmes le samedi matin pour être surs d’être à destination le mardi matin à CARSWELL. Après un début de voyage très agréable et une météo favorable, en traversant la Virginie, le moteur commença à donner des signes inquiétants qui nous obligèrent à stopper dans un village qui avait l’avantage d’avoir un garage ouvert le samedi matin.


Après les examens d’usage l’homme de l’art laissa tomber un verdict sans appel : « il faut changer le moteur ». il proposa même de faire le travail le lundi après s’être procuré un autre moteur. Pour nous c’était évidemment la catastrophe car nous ne pouvions plus arriver le mardi au Texas. Après réflexions il s’avéra que la seule solution rapide était de revendre la voiture et de trouver une autre occasion. Là encore grosse surprise l’estimation fut également sans appel : « 50$ pour la reprise ».
Heureusement pour nous un voisin voulait vendre sa voiture une Ford encore en bon état pour un prix acceptable. Après avoir fait un tour du pâté de maisons l’affaire fût conclue et se termina chez le « Barber shop » pour l’établissement des papiers ce qui nous surpris un peu mais tout avait l’air en règle.
Nous arrivâmes à Fort Worth en temps voulu pour nous présenter le mardi matin avec les six ou huit autres équipages américains pour le stage de transformation B58.
 
Les équipages Français devaient suivre uniquement la formation théorique au sol et le simulateur mais n’étaient pas autorisés à effectuer des vols. Le B58 n’avait pas de double commandes à cette époque.
Le début du stage fût sans histoire, l’ambiance était très cordiale, les équipages américains venaient essentiellement des B47.
Nous pûmes constater, comme toujours chez les américains, une parfaite adaptation des cours aux connaissances nécessaires pour les P.N. sans superflus et des aides pédagogiques excellents. Après l’EMI Vautour que nous avions connu cela faisait une nette différence. Ce qui nous surpris fut le fait que tous les décollages et les atterrissages de B58 étaient filmés ce qui permettait une analyse complète, au point de vue sécurité des vols, des accidents et incidents dont le nombre étaient assez important.
Autre point fort du stage, le simulateur qui pour l’époque était très réaliste et restituait en partie les efforts et sensations de l’appareil au décollage et à l’atterrissage.
Pour arriver au simulateur situé dans une zone protégée, nous devions être toujours accompagnés d’un officier américain et ne jamais le quitter.
Ce non respect des règles devait entraîner des mésaventures pas très agréables comme celle que connut le Capitaine LECOZ. Mais ceci est une autre histoire.
 
Très intéressant également fût l’exercice de sécurité sauvetage en piscine avec la capsule du B58 permettant à l’équipage de s’éjecter en supersonique. Cette capsule munie de flotteurs permettait la survie en mer.
 
En dehors de tous les aspects pratiques du stage le fait de vivre au milieu des équipages du SAC était très intéressant.
Nous avons pu constater leur qualification, la confiance dans leur matériel et leur organisation efficace avec son système d’évaluation permanente.
Ces équipages, qui venaient quelques mois plus tôt de participer à la crise de Cuba avec une alerte en vol de plusieurs heures, n’avaient pas d’état d’âmes et seraient allés jusqu’au bout si cela avait été nécessaire.

Leur système de sélection était même assez étonnant pour nous. En effet dans notre stage un capitaine avait sur son dossier le titre de major (CM) ce qui nous surpris. Mais il nous expliqua calmement qu’étant senior pilote sur B47 il était nommé à titre temporaire, et comme volontaire B58 il était stagiaire et reprenait son grade officiel. Il était évident que ce système très intéressant n’avait aucune chance d’être adopté en France.
 
Pendant notre séjour nous eûmes la chance de visiter les installations d’alerte de l’escadre B52 qui était également stationnée sur la base et d’assister au décollage sur alerte en 15 minutes de l’ensemble des B52.
Le spectacle était vraiment très impressionnant.
 
En conclusion, ce stage fût très positif et nous utilisâmes les informations recueillies au niveau de Bureau Plans des FAS aussi bien pour la définition de la formation des équipages, le ravitaillement en vol, l’évaluation et le contrôle des équipages que pour la conception de la zone d’alerte Mirage IV. Un autre aspect que nous avions retenu parce que signalé par le commandant d’escadre B58 était d’avoir des unités équilibrées au point de vue des grades. En effet, l’escadre B58 pendant notre séjour avait vu la promotion de dix sept Lieutenant-Colonel et son commandant nous avait dit : « Ne faites pas la même erreur – Too much chiefs and not enough indians… ».

Pour finir l’anecdote il faut savoir que notre voiture tomba en panne de compteur de vitesse ce qui nous valut une intervention de M.P.sur la Base pour ne pas avoir respecté les 30 MPH ; mais étonnés de trouver des officiers Français avec une voiture sans compteur de vitesse ils se contentèrent de nous admonester.
Fort de cette expérience nous rentrâmes à Washington en restant derrière les voitures qui nous paraissaient respecter les vitesses limites et notre retour fut sans problème
 
Nota : Le B58 malgré ses performances ne resta pas longtemps en service au SAC pour plusieurs raisons. La principale et déterminante était le coût exorbitant de son fonctionnement et de son entretien ; mais une autre raison, spécifique au SAC, était qu’il ne permettait pas un contrôle et une évaluation comme sur les B47 et sur les B52..
 
Henri BROUSSAUD


A suivre pour d'autres aventures Américaines sous la plume du Gal LECOZ.


Vol en patrouille sur Loctudy