N°35 - Février 2005

L’équipe de rédaction : C.Auzépy christian.auzepy@wanadoo.fr
Site anfas : http://anfas.free.fr

Le mot du Président

      Les mimosas sont en fleurs dans mon petit coin de Bretagne et le parfum embaume le jardin. Pas de doute, que nous le voulions ou non, la nature a décidé de passer en 2005. Nous la suivrons encore une fois, une fois de plus.
Merci à tous ceux qui, en ce début d’année, nous ont transmis leurs vœux, leur merci, leur amitié, leur assurance de venir à Marsan en juin.
      Quelques-uns, en clair ou à mots à décoder, me disent leurs démêlés avec chimio, prostate, grand âge, avec la vie qui court. En capitalisant les années, des membres de l’ANFAS passent par des épreuves familiales rudes. Il faut en être conscient et savourer cette vie lorsque l’amitié se trouve dans les pages des mois qui passent.
      Nous avons également reçu 2 « reproches ».
      Le 1er vient de 2 anciens des C135FR. Voici un extrait de leur courrier : «…le survol des ANFAS Contact des derniers mois, m’amène à la question de savoir si l’ANFAS n’est pas devenue, exclusivement, une Association des Anciens pilotes et navigateurs du Mirage IV où tous ceux qui ne sont pas comptés parmi, ne se sentent guère chez eux. »…
      Le président et le rédacteur de l’ANFAS Contact plaident coupables mais avec le sourire. Car s’ils râlent avec quelque raison, ces anciens, et si nous parlons très peu des plus lourds que le IV, c’est surtout parce que nous n’avons reçu que 2 articles C 135 à vous mettre sur la feuille en 10 ans. Vous en trouverez 1 dans ce numéro. Il en reste 1, plus quelques articles écrits pour le livre d’Alexandre PARINGAUX « Forces Aériennes Stratégiques », que nous reproduirons au fil des ANFAS Contact. Alors, et je le dis aussi pour les anciens des SSBS, « écrivez et vous serez publiés car nous savons que vous en avez plein la mémoire : il suffit de vous écouter dans les réunions comme à Mérignac ».
      Et tout cela avec le sourire, « of course ».
     Le 2ème « reproche » nous touche plus profondément. Il nous vient par courrier de l’épouse du Général NICOT. Après avoir reçu l’anfas contact 34, voici ce qu’elle nous écrit: « Devant tant de colonnes à lire, que je garde bien sûr, je vous annonce que mon mari est décédé dans le plus grand calme le 30 août. Il a été enterré aux Invalides, le 4 septembre. Je constate que les transmissions ne « courent » pas vite. Merci pour vos vœux et ayez une pensée pour lui au cours de vos réunions. Bien tristement. »

 

 

      Le Général m’avait écrit en avril 2003 : « ….. A 92 ans, je ne me déplace plus, hélas. J’ai commandé de 43 à 45 le groupe Gascogne sur Marauder ; nommé commandant du Bombardement en 1956, après avoir commandé en Indochine le S/GMMTA-EO, je suis à l’origine (l’auteur) du plan de rénovation de cette arme et ai pu convaincre, à l’époque, le Gal de GAULLE de la nécessité, après accord de mon plan, de commander le MIRAGE IV….. J’ai mis en route, à Cognac, le centre de formation des équipages ( ex-transport et ex-bombardier Invader) et ai donné le nom de mon groupe GASCOGNE à la première unité formée sur MIRAGE IV….Bien amicalement. Signé : Gal NICOT.
      Pour ceux qui reçoivent la revue de l’ANORA « Azur et Or », vous trouverez plusieurs fois le nom du Col NICOT dans l’article sur « la bataille de Diên Biên Phu », en particulier, à la page 23. Du Colonel, qui est un des rares chefs qui avaient exprimé leur désaccord sur le choix de Diên Biên Phu, voici ce qui est écrit : « Pour ce qui concerne l’Armée de l’Air, seul NICOT, patron du transport en Indochine, a rédigé un rapport violemment défavorable, mais il n’est que colonel. »
      Vous pouvez compter sur nous, Madame, pour penser au Général dans toutes les réunions où les hommes et les femmes de l’ANFAS se retrouveront. Sans des hommes et des chefs comme votre mari, nous n’aurions pas eu la foi nécessaire pour bien remplir notre tâche au sein de la Force de Frappe Française.
      Recevez les sincères condoléances de l’Association Nationale des FAS et soyez assurée de notre grande estime.

Jacques PENSEC président

 


Comment les FAS portèrent secours à PEN DUICK VI.


      Un jour d’octobre 1973, à l’E.R.V 4/94, tombe des téléscripteurs un ordre extraordinaire de l’Etat-major des FAS : transporter, à RIO DE JANEIRO, un mât de rechange pour PEN DUICK VI, sans perdre de temps. Quant aux détails de l’opération, pour une fois, il n’y en a pas ….Et vogue la galère ! Un peu de liberté ça n’est pas pour déplaire !

      Les opérations de l’escadron désignent deux équipages et une équipe technique sous l’autorité du Capitaine SCHWENCK. Nous y ajoutons ce qu’il faut pour durer ; provisions, lits picot, etc.…Qui donc disait qu’il ne faut jamais s’embarquer sans biscuits ?
      Le 11 octobre 1973 dans la soirée, nous nous mettons en place au Bourget. L’escale nous annonce qu’il faut attendre jusqu’au lendemain pour embarquer quelques « spécialistes ». Le 12 octobre donc, arrivent successivement : Un ingénieur de la D.C.N et une équipe technique de l’arsenal de BREST, -Gérard PETITPAS, patron de l’équipe TABARLY, quelques personnes difficiles à identifier. Il faudra trier !...ainsi que beaucoup de matériel technique et de l’avitaillement .
      L’ingénieur nous explique que le programme important de travaux qui devait être entrepris au CAP est reporté à RIO. En particulier la barre franche, installée sur demande de TABARLY, ne convenant pas pour un bateau aussi grand que PEN DUICK VI, doit être changée.
      Nous embarquons tout ce qui nous semble indispensable, pataugeant quelque temps dans la confiture coulant d’un pot cassé, et, en route pour GENEVE.
      Le mât est là. Il ne pèse que 5OO KG environ mais il mesure 25 mètres et les verrues de l’accastillage en augmentent beaucoup le diamètre. Le doute nous assaille .Pourrons-nous le glisser dans le cargo ? Essayons !
Nos craintes étaient bien justifiées. Malgré le démontage de la cloison du fond du cargo et à cause de la forme générale de celui-ci, le mât reste coincé dans la porte. Il reste 1 m 3O dehors !
      Nous le ressortons et faisons remarquer au fabricant que la mission est impossible, à moins qu’il ne le scie. Il refuse, hésite, prend l’avis de son bureau d’études et décide enfin de couper son mât. Ce n’est pas de gaîté de cœur…On le comprend. Le mât sera coupé du côté du pied, là où les efforts subis sont surtout en compression. Le fabricant décide aussi de remettre son usine en route pour confectionner, pendant la nuit, un manchon pour enserrer les deux parties du mât.
      Le 13 octobre au matin, le manchon arrive et le mât est scié. L’embarquement devient aisé, et en route pour RIO via DAKAR, escale technique obligatoire , les caractéristiques de COINTRIN et de son environnement montagneux faisant mauvais ménage avec les performances du C 135 F .
Rien à signaler lors des deux étapes ; l’avion tourne comme une horloge et nous arrivons dans la nuit à RIO. Un représentant de l’ambassade de France nous informe que PEN DUICK VI n’est toujours pas signalé. Rendez-vous donc, le jour venu, après quelques heures de repos.
      Le lendemain,nous essayons d’entrer sur la partie militaire du terrain .Ce n’est pas simple car tout est bouclé et les gens que nous rencontrons semblent être à l’image du régime politique qui règne sur le BRESIL. Enfin nous arrivons à pied d’œuvre. Une équipe de l’arsenal débarque tout ce qui était dans l’avion.

      Le soir déjà est là quand nous sommes invités à nous rendre au Yacht club de RIO .Eric TABARLY est arrivé. Nous échangeons quelques mots avec lui. A cette occasion je retrouve Olivier de KERSAUSON devenu célèbre depuis. C’est un camarade de classe de l’un de mes frères.
      Notre livraison étant effectuée, nous décollons vers DAKAR le 15 octobre ; au passage, nous admirons rapidement l’extraordinaire baie de RIO DE JANEIRO. Ensuite DAKAR-AVORD avec notre brave C 135 F qui n’a jamais renâclé.
      C’EST FINI, avec le plaisir d’avoir servi à … autre chose !

NOTA : Ce n’est que plus tard que l’on comprit la cause du démâtage de PEN DUICK. L’embase du mât reposant sur le pont qui, ne supportant pas les efforts verticaux qu’il recevait, s’affaissa légèrement mais suffisamment pour déséquilibrer les haubans. Dans ces conditions, le mât ne pouvait que se briser.
Mais il n’était pas directement en cause !!!!

Jean-Michel GUILLEUX

      


 

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