N°36 - Mars 2005

L’équipe de rédaction : C.Auzépy christian.auzepy@wanadoo.fr
Site anfas : http://anfas.free.fr

Le mot du Président

      Nous avançons vers nos deux jours de retrouvailles et d’amitié partagés à Mont-de-Marsan. Pour le moment, je fignole notre emploi du temps, celui des membres de l’ANFAS. Nous retrouverons ensuite les autorités et le programme officiel, le jeudi après-midi, pour la dissolution de l’ERS et pour « Le Dernier Vol du IV ». Nous savons qu’un autre vol conduira nos avions pour un ultime atterrissage à Châteaudun, à l’imitation de ses prédécesseurs, Vautour IIB, B 26, Mirage III B, Nord SNB, comme tous les avions de l’Armée de l’Air Française. Les SSBS ont suivi un autre chemin et les FAS gardent les C 135 FR en bonne santé opérationnelle, associés aux Mirage 2000 N ayant pris le relais, il y a quelques années, de la dissuasion stratégique. Nos cinq MIRAGE IV viendront s’ajouter à l’alignement que vous avez pu vérifier sur la carte de vœux 2005 de l’ANFAS, « un alignement tremblotant, sur des jambes de train qui n’en peuvent plus ». Mais le 23 juin, c’est le dernier vol opérationnel. Pas de doléances mais du plaisir et de la fierté dans ce ième vol : il sera beau. Ceux à qui nous avons confié l’héritage ont été à la hauteur dans tous les cieux de l’Europe et de l’Asie, ils seront bons ce 23 juin 2005.

     Vous recevrez dans le prochain Anfas Contact toutes les informations : programme, horaires, hôtels….. comme d’habitude à chaque rassemblement, pour ceux qui nous suivent depuis quelques années.
    Le N° 35, dans lequel il nous était fait reproche de ne parler que des équipages MIRAGE IV – c’est vrai que certains de ces derniers ont la plume agile, merci à eux ! - a réanimé certains stylos rouillés par l’encre. Nous vous invitons à lire ci-dessous, un morceau « de bravoure » des débuts du quotidien des FAS. Ecrit 40 ans après, nous l’avons trouvé très tonique. Nous n’avons pas enlevé une virgule. Et nous vous convions à suivre l’exemple. Avec le sourire….
                                 Jacques PENSEC, président.

 

RAPPEL : cotisation 20 €.
Adresse du trésorier :
Alex JOURDAN
102 rue Roque de Fillol
92800 Puteaux

De l’adhérent n° 592

Cher Président,
      Je reprends le N°35 de A.N.F.A.S. Contact et après relecture des « reproches » émanant bien sûr « d'équipages » de C.135, je m'associe au nom des mécaniciens à ces reproches. Eh oui ! qui l'eût cru, les aéronefs des F.A.S. tenaient en l'air aux mains de valeureux équipages, grâce à la seule intervention du Dieu Eole... Aucune intervention humaine ne permit à ces gracieux oiseaux, certainement fleurons du génie aéronautique français, de décoller, voler ou atterrir ! Ces ombres que l'on voyait nuits et jours sur les parkings tirant escabeaux, matériel de servitude, extincteurs... les treillis pas toujours très nets, parfumés au kérosène, ces valets qui vous attendaient au pied de l'échelle, qui vous « brélaient », vous montraient les « sécurités », qui, au retour, vous « sécurisaient » tenant votre casque, ayant toujours un mot pour s'enquérir de la mission... Ces mécanos - pour les nommer enfin - ne devaient être que le fait de mon imagination !
      Les nuits d'alerte à pousser les réacteurs - pendant votre sommeil - ces «points-fixes» nocturnes pour vous assurer une mission sans problème, le panneau Panthère toujours O.K., notre fatigue, notre sueur, notre conscience professionnelle, qui en parle au cours de ces 40 ANS?

• « 4 JANVIER 1964 » MONT DE MARSAN - arrivée nocturne - étonnement de l'Officier de Garde : « Vous êtes l'équipe de rugby ? » - pas de logement, des bâtiments «troupe» sans eau, sans électricité, des «chambres improvisées» : le 1er E.M.I. ?, stage «TOP SECRET». Tout était prévu sauf bien sûr l'intendance; pas de frais de déplacement, pas de prime de stage, le Mess à payer chaque jour... , L'euphorie ! Les permissions : «tiens ils ont une famille, ils veulent passer le week-end chez eux !» Quelle idée! Pas d'avion. Le train à Mont-de-Marsan... correspondance à Morcenx, à Bordeaux, à Paris, Douai...Quelques heures pour près de 24 H 00 de train aller-retour.

• Les tests chaque semaine. Le 1er Mirage IV qui se pose... la curiosité vite satisfaite puisque aussitôt... hardi les «chevaliers du tournevis» : un réacteur à changer ! Le Commandement qui a oublié qu'il fallait loger le personnel... le badge... les contrôles... les barbelés... l'attente au bunker en Z.A.... la première

 


alerte sous  contrôle médical...Le ramassage d'alerte en 2 CV... 4 H 00 de sommeil de perdues... le lit-picot pour le mécano... pas de café... pas de boissons fraîches... la routine.

• La remise des fourragères... le réacteur changé à Brétigny pour assurer le 1er Défilé du 14 Juillet... le Mirage IV à modifier pour la «traversée»...
Le Sergent Mécanicien 51.64 ayant l'honneur d'appartenir à «l'élément phare des F.A.S.» se souvient d'une autre version de l'histoire. Nommé Sergent-Chef B.E. dès avril 1964, il quittera l'Escadron 1/91 pour raison de santé le 06 Octobre 1969 - toujours Sergent-Chef, toujours B.E. - il est vrai que, pour assurer le niveau opérationnel, la carrière avait été un peu «bloquée»...-
Il a fallu que j'insiste un peu en tant que Président d'Association pour qu'enfin je puisse assister en tant qu'invité au 40eme Anniversaire à Mérignac, mais là encore, pas un mot pour les «mécanos» - peut-être ai-je rêvé, peut-être que le Mirage IV était le seul avion qui pouvait voler sans maintenance et que ce séjour au sein du 1/91 n'a été qu'un long séjour paradisiaque !
Habitant Mont-de-Marsan, je serai bien sûr pour la dernière «fête», pour me convaincre que je n'avais pas rêvé et que tout compte fait, si le Mirage IV volait, c'était un peu grâce à mes camarades mécaniciens, et si nos carrières ne furent pas aussi prestigieuses que celles des «équipages», au moins nous avons servi avec fierté, parfois orgueil, mais toujours avec honneur et cette bonne vieille conscience professionnelle qui vous a permis d'accomplir : «LA MISSION»
Allez, Président, le temps passe... heureusement, il filtre les souvenirs pour ne garder que le «bon vieux temps», et puis, au fond, on les aimait bien nos équipages puisque, sans même qu'ils s'en rendent compte, nous avions leur confiance!
Bien sincèrement,

Jean-Pierre DUPUIS
Mont-de-Marsan, le 19 février 2005

 
Que faisait le 612………………train sorti ?

      13 septembre 1962 : l'EB 1/92 est déployé à Saint Dizier dans le cadre de l'exercice Check mate. Nous décollons sur le Vautour B 612, en pleins complets, pour une mission Haut Bas Haut, avec un objectif dans le sud du pays. Au retour, un point pétrole nous confirme une bonne marge de manœuvre, et nous décidons, enfreignant les ordres de vol, d'aller rendre visite à nos familles respectives, à M…, dans le Jura, et à Mirecourt, dans les Vosges.
Résumé du dialogue entre pilote et navigateur, chemin faisant :" qu’est ce qu’on fait ? - je connais tout le monde, les gendarmes sont des amis, on peut y aller…".
      Nous descendons à basse altitude, et après un premier passage à grande vitesse, pour signaler notre arrivée, nous effectuons un passage lent, train sorti, sur la maison familiale du navigateur (maman est au balcon), suivi d'une montée à pente (et bruit) maximum, et de quelques figures de voltige (le pilote est entraîné aux présentations en vol).

 

      Satisfaits, nous mettons ensuite le cap vers les Vosges, pour quelques évolutions sur Mirecourt (moins bas, car il s'agit d'une ville de 6000 habitants), puis rentrons à Saint-Dizier.
      A l'arrivée au parking, le capitaine R.S (nom corse bien connu), nous attend au pied de l'avion, l'air sombre, et nous dit "le commandant vous attend dans son bureau". Un pressentiment nous vient alors que nous cheminons vers le PC, nous sous-estimons encore la gravité de la situation..
      Le chef nous pose une question simple et sans appel: Que faisait le 612 à 11h27 verticale M… train sorti ?. Nous n'entrerons pas dans le détail de "l'avoinée" qui suivit. Notre affaire tombait mal, car suite à plusieurs incidents, le CEMAA avait menacé de radiation du PN tout coupable d’indiscipline en vol. Néanmoins, nos chefs nous protégeront, et notre cas sera éclipsé quelques semaines plus tard par un incident beaucoup plus grave : la coupure du câble d'un téléphérique par un F 84 F.
      La dénonciation, faite directement auprès de la Région aérienne, émanait d'un ancien camarade du navigateur, ex rival auprès des belles de M…, employé à la SNCF et qui attendait de pouvoir relever le numéro de l'avion, jumelles posées sur son bureau ; (nous étions déjà passés plusieurs fois…, et les numéros du Vautour étaient d'une taille sans commune mesure avec ceux des avions actuels).
Nous aurions dû nous méfier: la localité survolée se nomme…MOUCHARD!!
Claude MICHEL et Guy CAUBERT

      

Pour le 23 juin, l’officier tradition de l’ERS
recherche des membres des FAS
souhaitant relater des moments forts
d’expérience autour du IV.
 
POC/ Officier tradition ERS « GASCOGNE »
BP 33 BA 118
40998 Mont-de-Marsan Armées
Tel : 05 58 46 78 98 ou
05 58 46 76 00 poste 22537
email : theo@mirage4p.com
 

 

« Le général qui pensait comme un civil »
par le Gal (cr) Jean Fleury, Edit. J. Picollec.


Cet ouvrage peut intéresser tous ceux qui veulent réfléchir sur les principes du commandement dans les unités militaires, sur la gestion des entreprises ou simplement sur la vie dans les aéroports.
Tout ouvrage dédicacé est à commander directement à l’auteur : Les Mirages – La Combe de Haut – 56140 Pleucadeuc, avec un chèque de 22 € (port compris).