HISTORIQUE
Canevas du " Cévennes " :
Les escadrilles de tradition du 3/91 " Cévennes " sont les V 109 et V 125 créées pendant la Première guerre mondiale. Elles sont, dès leur création, destinées au bombardement et s'illustrent dans cette spécialité‚ jusqu'à la victoire de 1918. Le groupe de bombardement dans lequel elles sont intégrées change lors des différentes réorganisations de l'après guerre en Escadre Lourde de Bombardement puis en Escadre de Reconnaissance. Elles forment ensemble le 1er groupe de la 22e Escadre de Reconnaissance au seuil du deuxième conflit mondial et participent à la campagne de France de mai - juin 1940. Replié sur l'Afrique du Nord à l'issue de l'armistice avec l'Allemagne, le 1/22 y stationne jusqu'au débarquement américain de 1942. Transformé sur matériel américain, il repart au combat aux côtés des alliés dans sa spécialité d'origine, le bombardement moyen. Après avoir participé à la libération et aux opérations aériennes jusqu'à la victoire de 1945, le groupe 1/22 est dissous en 1946.
Il renaît en 1965 escadron de bombardement stratégique et, jusqu'à sa dissolution en 1983, assure la permanence de la dissuasion nucléaire de notre
défense nationale.
13 avril 1915 : naissance de l'escadrille V 109.
L'escadrille V 109 est créée le 13 avril 1915 sur le terrain de Villacoublay. Elle est engagée dès mai 1915 en Artois en liaison avec les autres armes et reçoit des éloges pour ses résultats en opération. Sa mission d'origine est la chasse mais bientôt elle opère à la bombe contre les voies de communication et les réserves de l'ennemi. En 1916, basée à Nancy, elle participe aux combats de Verdun puis à ceux de la Somme. Devant les progrès du développement de la chasse et de la DCA ennemie, l'escadrille se spécialise dans le bombardement de nuit. Son action dans les Flandres lui vaut une citation à la fin de l'année 1917. Elle est réunie à la V 125 ainsi qu'à deux autres escadrilles pour composer le 8e groupe de bombardement au printemps de 1918.
17 avril 1917 : naissance de l'escadrille V 125.
La V 125 est créée le 17 février 1917 sur le terrain de Toul, sur avions Schmitt. Le bombardement est sa mission d'origine et elle opère contre les gares des vallées de la Sarre et de l'Oise, elle effectue également de nombreuses missions de reconnaissance de nuit sur la région des Ardennes. Le 13 février 1918, elle est intégrée aux côtés de la V 109 au 8e groupe de bombardement et troque ses avions pour des Voisin-Renault.
L'une et l'autre des deux escadrilles continuent de s'illustrer, infligeant de lourdes pertes à l'ennemi et à son potentiel de guerre : destruction de dépôts, harcèlement de troupes (de jour comme de nuit) à la bombe et à la mitrailleuse à un rythme soutenu.
Après la Victoire le GB 8 stationne sur le terrain de Luxeuil-les-Bains.
1 avril 1933 : naissance de l'Armée de l'Air.
Avec l'après-guerre commence pour les unités aériennes une longue période de transformations et de réorganisation dont la moindre ne sera pas la naissance de l'Armée de l'air en tant qu'arme indépendante, le 1er avril 1933. La V 109 et la V 125 resteront pourtant associées au travers des multiples changements d'appellations et de fonctions.
Dans le bombardement avec la V 101, elles forment le 3e groupe du 11e Régiment d'aviation de bombardement, qui, en 1920, se scindera pour former les 2le et 22e régiments, les 3e et 4e groupes formant le 22e régiment. De Luxeuil, le 22e régiment fera mouvement sur Chartres en 1923 et changera d'appellation devenant Escadre d'Aviation Lourde. La constitution définitive sera obtenue le 1er décembre 1935 avec le départ de l'escadrille V 101. Le 1/22 - 1er groupe de la 22e escadre - avec ses deux escadrilles, V 109 et V 125 est né. Devenu en 1932, Escadre Lourde de défense, la 22e est désignée pour effectuer un périple en Afrique du Nord afin de tester le nouveau matériel et les possibilités de coopération.
Les six Amiot 143 du groupe visitent successivement le Maroc, l'Algérie et la Tunisie en quinze jours et, malgré deux équipages aux prises avec des problèmes mécaniques lors du voyage retour, le groupe rentre au complet à sa base. Le 24 décembre 1936, la 22e Escadre quitte son terrain pour s'installer sur celui d'Orléans-Bricy nouvellement ouvert. Le mois d'octobre 1938 voit le 1/22 échanger les Amiot 143 dont il était doté depuis décembre 1935 au profit de Bloch 131, ce qui a pour effet de changer la mission. La 22e Escadre, d'aviation Lourde de défense devient Escadre aérienne de Reconnaissance.
Guerre 1939-1945 : la bataille de France.
La participation du groupe 1/22 à la deuxième guerre mondiale commence dès la fin d'août 1939 par le déploiement de l'unité sur le terrain de Saint-Dizier. Il fait partie des forces aériennes 102 mises à la disposition de la IIe Armée commandée par le Général HUNTZIGER. Il opère à partir du terrain de Chatel-Chehery près de Varennes en Argonne lors de la déclaration de guerre le 03 septembre 1939. Pendant la période de la " drôle de guerre ", le groupe 1/22 va effectuer des missions photos sur les régions frontalières des Ardennes, de la Lorraine avec des incursions en territoire ennemi sur les vallées de la Sarre et de la Moselle. Une de ces missions vaudra au groupe de perdre son premier appareil en opération, un Bloch 131 intercepté au sud de Sarrebrück qui s'écrase en flammes à proximité des lignes. Deux membres d'équipage sont tués, les deux autres blessés. Ces missions sont effectuées de jour et de nuit avec protection de la chasse française au début mais de plus en plus c'est seul que les appareils du 1/22 affrontent la chasse et la DCA ennemies. L'inconfort d'installations de fortune, la pénurie d'approvisionnements, les problèmes d'équipement et les pannes mécaniques jointes à la météo défavorable sont le lot quotidien. La fin de 1939 voit l'achèvement de la transformation sur avion Potez 63-11 en remplacement du Bloch 131 moins rapide. En février 1940, le 1/22 s'installe sur le terrain de Metz-Frescaty et est intégré aux forces aériennes de la IIIe Armée. Les réservistes commencent à arriver sans que les problèmes ne s'apaisent ni que changent les missions qui affrontent de plus en plus le feu ennemi.
Le 10 mai 1940 la drôle de guerre s'achève dans le fracas des bombes allemandes tombant dès l'aube sur le terrain. Toute la journée, le 1/22 lancera des missions qui observeront la progression des troupes allemandes, le franchissement de la Moselle et leur entrée au Luxembourg. L'objectif des missions des jours suivants sera la recherche et l'observation des colonnes ennemies, l'activité de la chasse adverse devient intense ainsi que le feu de la Flak et les avions rentrent avec de nombreux impacts. Deux appareils sont perdus, l'équipage de l'un d'eux, tombé au Luxembourg, est fait prisonnier. Le 12 juin, arrive l'ordre de départ. C'est le début d'un long repli parmi les colonnes de réfugiés qui va emmener le 1/22 de Metz à Rabat en passant par Ambérieu, Montélimar, Lézignan, Salon et Perpignan. Le 22 juin, les avions sont arrivés à Rabat sur le terrain d'Oulad Okba, son stationnement terminal. Le 24 juin l'échelon roulant débarque à Oran et se met en route pour Rabat. Le 22 juin 1940 l'armistice est signée entre la France et l'Allemagne, les hostilités cessent entre les deux pays. Le 1/22 est cité à l'ordre de l'Armée Aérienne par le Général VUILLEMIN, commandant en chef des Forces Aériennes pour son action pendant les 8 mois de guerre et particulièrement pendant les mois de mai et juin 1940.
Citations individuelles du groupe 1/22
A l'ordre de
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Officiers
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S/Officiers
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Armée
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7
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2
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Aviation de renseignement
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2
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5
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Division aérienne
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-
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1
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Guerre 1939-1945 : Stationnement au Maroc.
Le groupe 1/22, stationné sur le terrain d'Oulad-Okba, est rattaché au groupement mixte n° 11. Après avoir été rejoint par son échelon roulant, c'est la reprise des vols d'entraînement. A la fin juillet, le groupe touche des appareils Glenn Martin 167 en remplacement de ses Potez 63 hors d'usage. Sur les nouveaux avions et à partir de Rabat Salé, le groupe 1/22 poursuivra une activité aérienne réduite, confinée à des reconnaissances photographiques sur Gibraltar en observation de la flotte anglaise, des missions d'entraînement au PSV et au
bombardement ponctuées par quelques vols de convoyage sur la Syrie et le Sénégal, les visites de généraux et, malheureusement, endeuillée par deux accidents aériens. Au mois de juillet 1942, nouveau changement de monture, les
LÉO 45 remplacent les Glenn Martin.
Guerre 1939-1945 : du débarquement allié en Afrique du Nord au 8 mai 1945.
Le débarquement américain du 08 novembre 1942 est marqué par le mitraillage du terrain de Salé par
l'aviation américaine qui détruit de nombreux avions. Une période d'hésitations très brève précède le ralliement français aux forces alliées dans la poursuite de la guerre contre l'Axe. Au début de l'année 1943, l'armée de l'air d'AFN subit une importante réorganisation. Le groupe s'installe sur le terrain d'Oued-Zem où il poursuivra un entraînement intensif et quelques équipages participent à la campagne de Tunisie. Après un nouveau cycle de stages sur le terrain de Rabat, marqué par deux accidents aériens, le groupe quitte le Maroc pour Telergma où il poursuivra sa transformation sur appareil américain. Fin 1943, le groupe 1/22, à l'issue de son entraînement intensif sur B 26 Marauder, devenu groupe de bombardement moyen, est prêt à reprendre le combat aux côtés des forces alliées.
Le 15 mars, le groupe est installé à Villacidro en Sardaigne, il est rattaché, en tant que Squadron isolé, au 42e wing du Général WEBSTER relevant du " Tactical Command " de Naples. La première mission en opérations a lieu le 29 mars 1944 sur Porto-Ferrajo dans l'île d'Elbe. Les missions vont maintenant se succéder contre les ponts et voies de communication. Au mois de mai les objectifs se situent dans la région de Florence où le groupe attaque les forces allemandes en appui des divisions françaises engagées dans le secteur. L'offensive alliée se développe en Italie, aux côtés du II/20 " Bretagne ", le 1/22 participe aux attaques sur Cassino, San Vicenzo, Voltri et apporte sa contribution aux opérations qui amèneront la chute de Rome le 05 juin 1944. L'ennemi est en retraite et ce sont les ponts routiers et ferroviaires par lesquels il reflue qui sont traités maintenant. Le mois d'août amène les premiers objectifs en France dans les viseurs des maraudeurs :le pont ferroviaire d'Arles, les défenses côtières du Cap Camaret, de la Presqu'île de Giens, de l'île du Levant. Le 15 août 44, gêné par la brume le 1/22 ne peut participer aux opérations du débarquement de Provence ; ce n'est que dans l'après-midi qu'il pourra lancer une mission contre le pont de Sisteron. Le sud de la France et l'Italie du nord fourniront les objectifs des missions du reste de l'été 1944. Rencontrant souvent une DCA ennemie puissante, le groupe pilonne les positions allemandes de la " ligne gothique " au nord de Florence et de nombreux ponts et ouvrages d'art autour de Cassetta, Bologne, Piacenza ...
Le 04 octobre 1944 le sol français reçoit nos bombardiers à Istres. Quelques missions d'entraînement et des exercices de bombardement sont effectués avant un nouveau déménagement vers Lyon-Bron où le groupe s'installe le 11 novembre. Les combats se déplacent vers le nord-est au fur et à mesure de la libération et les ponts et nœuds ferroviaires de Ruffech, Ostheim, Brisach, Fribourg subissent les attaques.
Le bilan des missions de guerre du groupe 1/22 s'établit à la fin de l'année 1944 à 106 pour 814 sorties et 1302 tonnes de bombes larguées. Le 22 novembre, le groupe 1/22 est cité à l'ordre de l'armée aérienne et décoré de la croix de Guerre avec palme. Intégré à la 11e Brigade le groupe attaque maintenant les objectifs en territoire allemand, le réseau ferré du Palatinat et du Bade Wurtemberg. Lors de l'attaque du pont de Neuenbourg, le B 26 " 08 " est frappé de plein fouet par la Flak et abattu. Une mission de ravitaillement de maquisards au col de l'Iseran tranche sur une série de bombardements à la bombe au phosphore contre des dépôts de matériels et munitions dans les régions de Karlsruhe, Landau, Neustadt et Donauschingen. Avec l'invasion du territoire du Reich, le groupe porte ses coups plus à l'est vers la Bavière, les environs de Stuttgart. Il opère également contre les ouvrages fortifiés de la " ligne Siegfried " où des troupes ennemies résistent encore. Le 19 mars 1945 installation à St-Dizier, les missions sur l'Allemagne se succèdent. Retour en France avec quelques opérations combinées pour la réduction des poches allemandes de Royan et de la Pointe de Graves, attaque des batteries côtières et des ouvrages de la Pointe de la Coubre ; sous les coups du groupe, le château d'Oléron saute le 17 avril. Reprise ensuite des missions sur l'Allemagne, Ulm et la Bavière. Le 08 mai 1945 l'Allemagne capitule. Le lendemain le groupe 1/22 Maroc participe au défilé aérien de la victoire, de Dijon à Paris, survole l'Arc de Triomphe et les
Champs-Élysées.
Le palmarès du groupe 1/22 s'établit à 149 missions de guerre, soit 1228 sorties aux cours desquelles il a largué 1808 tonnes de bombes. Deux chasseurs allemands abattus en combat aérien figurent au tableau de chasse des mitrailleurs. Cela malheureusement au prix de six morts, sept blessés, et trois prisonniers ; un appareil abattu et 112 endommagés plus ou moins gravement par la DCA.
La guerre terminée, les avions sont désarmés et affectés au transport de personnels entre la métropole et l'Algérie. Le groupe participe également à de nombreux défilés aériens à PARIS et à NANTES. Le 28 juin 1945 le Ministre de l'Air lui remet la fourragère aux couleurs de la Médaille Militaire. Des vols de transport sur l'Afrique du Nord, des liaisons et des vols d'entraînement sur l'Allemagne seront effectués à partir du terrain de Riedlingen près de Sigmaringen, du mois de septembre 1945 au mois d'avril 1946.
Le 30 avril 1946, le groupe 1/22 Maroc est dissous.
Les Forces Aériennes Stratégiques : le " Cévennes ".
Le 31 juillet 1965, l'escadron de bombardement 2/93 " Cévennes " des forces aériennes stratégiques reçoit son premier appareil Mirage IV. L'escadron " Cévennes " reprend les traditions du groupe 1/22 et sur son insigne sont réunis les emblèmes de tradition de la V 109 et V 125.
L'escadron assure la permanence de la dissuasion nucléaire de notre défense nationale, ses appareils et ses équipages en alerte prêts à prendre l'air et à se diriger sur leur objectif dès la réception de l'ordre de décollage.
A la réorganisation du 1er juillet 1976, le " Cévennes " devient le troisième escadron de la 9le Escadre de bombardement en conservant son appellation et ses traditions.
Le 1er octobre 1983, le 3/91 sera dissous. Les traditions seront mises en attente d'un digne successeur pour ce glorieux héritage.
QUELQUES DATES
- Les traditions.
- 1915-1918 : La Grande Guerre, V 109 - V 105,
- 1918-1939 : L'entre deux guerres, I/22,
- 1939-1940 : La campagne de France, I/22,
- 1940-1942 : L'intermède Africain, I/22,
- 1943-1945 : Le retour au combat sur Marauders.
- 1965-1976 : F.A.S : 2/93 " Cévennes ",
- 1976-1983 : F.A.S : 3/91 " Cévennes ".
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- Les avions.
- 1918-1930 : Farman 50 et 60,
- 1930-1935 : Lioré et Olivier 20 B 4,
- 1935
: Lioré et Olivier 206 B 5
- 1935-1938 : Amiot 143 B 5
- 1938-1939 : Bloch 131,
- 1939-1940 : Potez 63/11
- 1940-1942 : Glenn Martin 167
- 1942-1943 : Léo 45
- 1943-1946 : B 26 Marauder
- 1965-1983 : Mirage 4A
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Cévennes
1965 1983 pages 01 à 15
Cévennes 1965 1983 pages 16
à 35
Cévennes 1965 1983 pages 36
à 50
Cévennes 1965 1983 pages 51
à 71
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