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Centre d'Instruction des Forces Aériennes Stratégiques
 
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LA CAMPAGNE DE TUNISIE

Le 8 novembre 1942 voit le déclenchement de l'opération "TORCH" sur les côtes de l'Afrique du Nord. La 25ème Escadre est mise en alerte pour, en principe, défendre une fois encore l'Empire, et s'opposer aux forces de débarquement anglo-américaines.
Une riposte fulgurante des forces de l'axe étant prévisible, avec en premier lieu l'occupation de la TUNISIE, le repli stratégique vers les terrains d'ALGÉRIE est déclenché. Les LéO 45 font mouvement sur SOUK-EL-ARBA, GAFSA puis BISKRA. Le 16 novembre, ils décollent à nouveau et rejoignent AIN-OUSSERAT, à 150 kilomètres au sud d'ALGER, où l'entraînement reprend.
L'escadre n'intervient pas contre le débarquement allié. Il est vrai que l'armistice de juin 1940, au nom duquel les équipages avaient été engagés dans les brèves et pénibles interventions de GIBRALTAR et de SYRIE, vient d'être mis en cause par l'ALLEMAGNE, avec l'occupation de la zone libre et l'invasion de la TUNISIE. C'est là une situation tragique pour cette armée plongée au milieu de contradictions politiques qui lui échappent, mais de laquelle va surgir l'espoir longtemps caressé de reprendre la lutte contre l'ennemi véritable, l'envahisseur nazi.
Le 1ier janvier 1943, le GB II/25 est dissout. Sa première escadrille est absorbée par le GB I/25, à qui est confiée la garde du drapeau de la 25ème Escadre. Quant à la seconde escadrille, elle est affectée au GB II/23, futur groupe "GUYENNE".
Le nouveau commandement de l'Armée française en Afrique du Nord ne semble pas disposé à réengager le groupe, malgré les demandes pressantes de son chef le Cdt VIGOUROUX. Il faudrait d'ailleurs pour cela le rééquiper en matériel moderne, ce qui nécessite avant tout le rétablissement d'un climat de confiance avec les alliés.
A titre d'essai, le groupe est mis à la disposition des américains pour assurer le transport des munitions depuis les ports de l'Atlantique jusque sur le nouveau front de TUNISIE. En dix jours, du 18 au 28 janvier 1943, 180 tonnes de bombes sont acheminées, puis les transports sont subitement interrompus.
C'est une nouvelle épreuve, et le Cdt VIGOUROUX repart à ALGER pour négocier à nouveau l'engagement de son groupe. Le projet est défendu avec une telle insistance qu'il est enfin accepté. Ainsi le GB I/25 est placé sous les ordres de la North Tactical Air Force.
Le 24 février 1943, les équipages se disputent l'honneur de la première mission. L'activité s'exerce de nuit contre les objectifs de l'Africa-Korps de ROMMEL qui recule sous les coups de l'armée de MONTGOMERY. La base de MARSA est pilonnée à deux reprises, ainsi que SIDI-HAMED, MESSANA, SFAX, etc.... Le 23 mars, la première escadrille perd un de ses équipages abattu par la "Flak". La veille, un autre avion s'était écrasé au cours d'une mission de liaison.
Le 7 mai, TUNIS est libérée. Le drapeau de la 25ème Escadre défile dans la ville reconquise.
Récompense bien légitime, le GB I/25 est choisi pour être rééquipé en ANGLETERRE de bombardiers lourds, et placé sous les ordres de la Royal Air Force.
Le GB I/25 est désormais connu sous l'anonymat britannique de Squadron 347 et sous le rappel évocateur de Groupe "TUNISIE". Il fait l'objet d'une citation à l'ordre de l'Armée aérienne au titre de la campagne de TUNISIE.


AVEC LA ROYAL AIR FORCE : LE SQUADRON 347 "TUNISIE"

Le 28 septembre 1943, le groupe embarque à bord du paquebot hollandais "SS Van Marnix St Aldegonde" à destination de LIVERPOOL, où il débarque le 7 octobre.

Les 24 équipages constitués en ALGERIE sont disloqués, l'entraînement commence immédiatement dans les diverses écoles de la Royal Air Force, les A.F.U. (Advanced Flying Unit). Les pilotes partent au 15ème A.F.U. à LONGNEWTON, les navigateurs au l0ème A.F.U. à DUMFRIES, les radios à la Radio School de MADDLEY, les mécaniciens à St ATHAN, les mitrailleurs à l'Air Gunner School d'EVANGTON.
Après ces périodes de spécialisation, les équipages, sans les mécaniciens, sont reconstitués à LOSSIEMOUTH (ECOSSE) au 20ème A.F.U. où ils apprennent à former un ensemble articulé, souple et efficace.
De là, ils subissent le stage de "Battle-Course" à DRIEFFIELD, où ils sont initiés aux rudiments de l'évasion, du camouflage, etc .... Par ailleurs, ils reçoivent la formation technique et opérationnelle qui leur permet de pénétrer davantage les secrets du Bomber Command et de s'incorporer plus intimement en lui.
Enfin, la première quinzaine de mai 1944 voit s'effectuer le regroupement du personnel des deux escadrilles au H.C.U. de RUTFORD (Heavy Conversion Unit : Unité de transformation sur bombardier lourd), où les mécaniciens sont en place depuis février. Là a lieu l'ultime phase de la transformation, la confrontation avec l'avion d'arme: le Handley Page "Halifax".

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Handley Page "Halifax" du GB1/25 "Tunisie"


A l'issue de sa formation, le tout jeune Squadron 347 rejoint sa base d'opérations à ELVINGTON dans la banlieue de YORK, où il voisine avec son homologue le Squadron 346, groupe Français II/23 "GUYENNE".
L'attente de la première mission est une véritable école de patience. Le programme des vols est invariablement annulé peu avant de passer à l'exécution. Mise en alerte, report, annulation, chargement de bombes, déchargement, sont le lot de chaque jour qui met à rude épreuve le caractère des commandants d'escadrilles et la nervosité des équipages. Ceux-ci acquièrent à la longue, une philosophie résignée qui les voue à une malléabilité parfaite.
Puis soudain, la première mission est déclenchée. La préparation suit un minutage rigoureux. Repas des équipages, briefing des navigateurs, des radios, des pilotes se suivent au rythme du barrissement des haut-parleurs. C'est enfin le "Main Briefing" ( réunion générale des équipages), où sont apportées les dernières retouches aux mécanismes devant coordonner le mouvement de plus de mille avions, dont les différentes vagues, en moins de quinze minutes, se succèdent à la verticale de l'objectif.
Quarante minutes plus tard, le premier "Halifax" décolle.........
Le 27 juin 1944, à la nuit tombante, treize "Halifax" emportent pour leur première mission, treize équipages du "TUNISIE".
Ainsi commence la période d'opérations qui durera neuf mois, jusqu'à la capitulation de l'ALLEMAGNE.
Les principaux objectifs du groupe sont initialement les sites de lancement des bombes volantes « V1 ». Mais il participe également au soutien du Corps Expéditionnaire débarqué en NORMANDIE (réduction de la poche de Caen) et commence les premiers raids sur le bassin de la RUHR, où est rassemblé l'essentiel de l'industrie lourde allemande, mais où veille aussi la D.C.A. la plus dense et la plus formidable que l'on puisse imaginer. Dès le 6 juillet 1944, la première escadrille perd son premier équipage. La liste des tués, blessés ou disparus, si vite commencée, ne cesse de s'accroître à une vitesse effroyable jusqu'au terme de la dernière mission.
A partir de la seconde quinzaine d'août, les bases de lancement des « V1 » étant progressivement occupées, les grands raids stratégiques sur les zones industrielles de l'ALLEMAGNE deviennent la mission principale.
Fin septembre, après quelques jours d'accalmie, une mission inattendue est confiée aux "Halifax". Rapidement transformés en transport d'essence, ils vont ravitailler de toute urgence les blindés de MONTGOMERY en difficulté en HOLLANDE. Quatre cent mille litres d'essence sont acheminés du 24 septembre au 5 octobre.
A partir d'octobre, l'écrasement du bassin de la RUHR s'intensifie. A la "Flak" toujours aussi meurtrière, s'ajoutent maintenant les premières attaques des chasseurs à réaction. Comment cette région put-elle être désignée par la R.A.F, sous l'ironique sobriquet de "Happy Valley" ?(La vallée heureuse).
L'année 1944 s'achève tragiquement. Le 24 décembre le groupe perd son septième équipage. Le 28, au cours d'un déchargement de bombes, un "Halifax" explose, tuant quatorze mécaniciens et en blessant de nombreux autres.
Le jour de l'an est tout de même fêté selon la tradition. A force de prodige et d'habileté, le personnel du "GUYENNE" et du "TUNISIE" reconstitue les plus beaux quartiers de PARIS à l'aide de tableaux. On arrose aussi le départ de deux équipages qui ont terminé leur tour d'opération. Le tour d’opération est terminé lorsque l’équipage avait atteint 120 points. A chaque mission était attribué un certain nombre de points selon un barème précis. Il suffisait ensuite d’une simple addition.
L'année 1945 se présente sous les meilleurs auspices, commencée par l'échec de la contre-offensive allemande dans les ARDENNES. Avec l'avance du front, la portée des raids augmente vers l'est, jusqu'aux abords de la POLOGNE. C'est aussi l'époque des vastes bombardements sur les grandes villes, entrecoupés par les inévitables missions sur la RUHR. Les derniers souffles de l'armée allemande ne réduisent pourtant pas l'efficacité de la "Flak", ni les prouesses de la chasse de nuit qui redouble d'audace. Le premier trimestre 1945 voit la disparition de quinze équipages.
A partir du 15 mars, le "TUNISIE" est employé au soutien des armées alliées qui lancent l'offensive finale.
Le 23 mars a lieu le départ du Cdt VIGOUROUX, qui commandait le groupe depuis la campagne de TUNISIE. Il est remplacé par le Cdt HOQUETIS.
Puis ce sont les missions du "coup de grâce". HAMBOURG, NUREMBERG, HELIGOLAND, WANGUEROOGUE sont les seuls objectifs du mois d'avril, et les derniers de la guerre.
Le 25 avril, sur WANGUEROOGUE (île de la Frise), le groupe clôture son activité. Un avion est abattu au cours de ce dernier raid, ne laissant aucun survivant. C'est le 20ème équipage perdu, l'effectif normal du groupe est de vingt-quatre équipages.
La période d'inactivité qui suit le jour de la victoire rend particulièrement morne la vie du groupe qui attend son retour en France. Quelques vols sont toutefois effectués à titre d’entraînement. Les équipages sont "dépaysés" dans une "Station" éteinte ( station désigne une base aérienne). La transition est trop brutale, et le retour à la vie normale difficile après la fièvre des missions, la tension des vols, la peur des collisions, la D.C.A…
Quelques vols s'effectuent au-dessus des anciens objectifs. Ultime pèlerinage. Comment oublier? Comment oublier les 68 tués du groupe, les 11 disparus, les blessés, les prisonniers? Comment oublier les camarades qui ont péri carbonisés dans les tôles de leurs avions désemparés, ceux qui ont été mitraillés au bout de leur parachute, ceux qui ont été massacrés au sol?...
Fin octobre, les groupes de bombardement "GUYENNE" et "TUNISIE" rendus à l'Armée de l'air, regagnent la FRANCE. Ils conservent avec eux l'ensemble de leur matériel et en particulier leurs vaillants "Halifax" que la Royal Air Force leur confie en guise de remerciement.
Le groupe 1/25 "TUNISIE" fait l'objet de trois citations à l'ordre de l'Armée aérienne au titre de son action au sein du " Bomber Command".
Les trois citations lui accordent par décision n° 16 en date du 26 septembre 1945 le droit au port de la fourragère aux couleurs de la Croix de guerre.


CITATIONS du Groupe de Bombardement 1/25 "TUNISIE" pour le BOMBARDEMENT LOURD DE NUIT


CITATION A L'ORDRE DE L’ARMÉE AÉRIENNE (Ordre général n°10 - 09 JUILLET 1943).


« Groupe d’élite qui, sous l’impulsion d’un chef ardent et dynamique, le commandant VIGOUROUX et ses deux commandants d’escadrille, le Capitaine STOLTZ et le Capitaine DUTREY-LASSUS, a été le premier de l’Aviation française à reprendre la lutte contre l’envahisseur. »
« Grâce au moral élevé et à l’entraînement poussé des équipages, à la compétence et au dévouement de ses mécaniciens qui ont su toujours maintenir disponible le matériel français sauvé de l’invasion en Tunisie, a obtenu d’emblée des résultats remarquables, déversant 100 tonnes de bombes au cours de 80 sorties, sur des objectifs lointains sévèrement défendus par la D.C.A. adverse. »
« A exécuté 300 heures de vol de nuit de guerre pour la seule période du 21 janvier au 25 avril. »

CITATION A L'ORDRE DE L'ARMÉE AÉRIENNE  (Décision n° 269 - 30 DÉCEMBRE 1944).

« Groupe remarquable de dynamisme et d’ardeur guerrière, héritier d’un glorieux passé, s’est évadé de Tunisie le 8 novembre 1942, échappant à l’emprise allemande pour reprendre avec un allant incomparable la lutte contre l’ennemi. »
Depuis son arrivée en Angleterre, sous l’impulsion vivifiante de son chef, le lieutenant-colonel VIGOUROUX, qui, depuis mai 1942, vole à la tête de ses équipages, a pris une part remarquable au gigantesque effort du « Bomber-Command ».
« En quatre mois et demi d’opérations, attaquant, au départ des bases anglaises, des objectifs très divers : ports de la Baltique, usines de la Ruhr…, malgré les réactions extrêmement violentes des défenses ennemies, a exécuté, à la date du 8 novembre 1944, 2900 heures de vol de guerre en 540 sorties, déversant avec précision sur les objectifs, 2100 tonnes de bombes aux prix de 8 membres d’équipages tués, 21 disparus, 5 blessés, 71 avions endommagés par la Flak et la chasse ». 



CITATION A L'ORDRE DE L'ARMÉE AÉRIENNE (Décision n° 857 - 20 JUILLET 1945).
 
« Groupe de bombardement lourd I/25 TUNISIE. Groupe de bombardement lourd opérant de Grande-Bretagne. Entraîné par la brillante personnalité de son chef, le Commandant HOQUETIS, a participé, du 16 novembre 1944 au 25 avril 1945, aux opérations du « Bomber Command », déversant sur les objectifs ennemis 2050 tonnes de bombes au cours de 610 sorties d’avions. S’est particulièrement distingué au cours :
- des opérations qui ont abouti à l’écrasement des usines de pétrole synthétique de la Ruhr, de la Sarre et des ports allemands de la mer du Nord, de l’appui à grande distance des divisions du Maréchal MONTGOMERY, opérations qui lui ont valu les félicitations de ce grand chef militaire. Conservant son enthousiasme malgré la perte de 50% de ses effectifs navigants, en dix mois d’opérations, les résultats obtenus, l’héroïsme de ses équipages et le travail acharné de ses mécaniciens, lui valent l’admiration et la reconnaissance du pays. »

Signé : DE GAULLE.


Insigne des groupes lourds



LE GB 1/25 DANS LE TRANSPORT

Le 29 octobre 1945, le GB I/25 "TUNISIE" rejoint sa base de BORDEAUX-MERIGNAC. Le retour tant attendu, après un séjour de plus de deux ans en GRANDE BRETAGNE, est malheureusement endeuillé par l'accident d'un "Halifax" au décollage d'EVLINGTON. Cet incident fera deux tués.
A MERIGNAC, avec le GB II/23 "GUYENNE" qui le précède de quelques jours, le "TUNISIE" forme le Groupement de bombardement n° l, rapidement baptisé 21ème Escadre de bombardement lourd. Toutefois les groupes conservent leur appellation d’origine GB II/23 « GUYENNE » et GB I/25 « TUNISIE ».
Etant donné la capacité d'emport du "Halifax" et sa grande autonomie, la nouvelle escadre va peu à peu s'écarter de sa vocation de bombardement pour prêter main forte au transport aérien militaire très sollicité.
Initialement, le GB II/23 assure les liaisons à grandes distances sur l'AFRIQUE et l'INDOCHINE, pendant que le GB I/25 se spécialise dans la reconnaissance météorologique sur l'Atlantique et dans la recherche et le sauvetage en mer (SAMAR).

Le 1ier novembre 1948, l'Escadre est rebaptisée 21ème Escadre de bombardement, et rattachée au Groupement des Moyens Militaires de Transport (GMMTA). Les deux groupes se partagent les lignes régulières sur TANANARIVE, POINTE NOIRE, DAKAR.... tout en assurant les missions à la demande, MTO, SAMAR... .
Le 1ier juillet 1949, la 21ème Escadre est dissoute. C'est au groupe "TUNISIE", rebaptisé Groupe de Transport GT I/25, que revient la charge d'assurer seul les missions de la défunte Escadre.
En 1951, il est décidé de créer un nouveau groupe de bombardement en vue de renforcer le Corps Expéditionnaire en INDOCHINE. C'est le "TUNISIE" qui est choisi en septembre 1951.
Il redevient ainsi GB I/25, équipé de DOUGLAS B 26 "Invader".

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Douglas B26 "Invader"


LE GB 1/25 EN INDOCHINE

Deuxième groupe de bombardement désigné pour la campagne d'INDOCHINE, le "TUNISIE" prépare son départ dès septembre 1951. Les "Halifax" continuent toutefois à voler jusqu'en novembre.
Profitant de l'expérience du groupe sur avion de transport, l'Etat-major décide de lui confier le convoyage vers l'Extrême-Orient d'un lot de C 47 "Dakota" destiné au groupe "FRANCHE-COMTE" en opération. Pour cela, le groupe "TOURAINE" détache à MERIGNAC quelques-uns de ses moniteurs en vue de lâcher les équipages du "TUNISIE" sur ces appareils. La transformation ne présente aucune difficulté, le "Dak" étant considéré comme une gentille bicyclette à côté du "Halifax".
Le 23 octobre, décolle le premier échelon du groupe qui se verra à nouveau rassemblé en INDOCHINE, dès la mi-décembre. Là il s'installe laborieusement sur la base de HAIPHONG-CAT-BI, qui devient son terrain d'opérations.
Toutefois le groupe n'a toujours pas d'avions, la livraison de B 26 "Invader" américains est retardée à cause de la guerre de COREE. Les équipages sont alors provisoirement partagés en plusieurs détachements, à TOURANE, SAIGON, HANOI et CAT-BI où ils cohabitent avec les groupes de transport ou de bombardement – ce sont les GT II/62 « FRANCHE COMTE », GT II/64 « ANJOU » et le GB I/19 « GASCOGNE » - qui y sont basés, et avec lesquels ils effectuent quelques missions.

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Douglas B26 "Invader"


 
Enfin le 5 mars 1952, sur l'aérodrome de SAIGON-TAN SON NHUT, arrivent les quatre premiers B26 "Invader" affectés au groupe. Douze autres appareils seront livrés les jours suivants.
Très rapidement le groupe est lancé dans les opérations. Le 17 mars il accomplit sa première mission, après un bref entraînement effectué sous le contrôle bienveillant du GB I/19 "GASCOGNE" également basé à CAT-BI.
Dès lors et jusqu'à la fin de la campagne, le groupe participe à pratiquement toutes les grandes batailles du VIET-NAM et du LAOS.
Le groupe termine l'année 1952 en totalisant déjà 1738 missions, ayant été lancé notamment dans les batailles des routes coloniales n° l et n° 3 ( RC 1 et RC 3 ), de NGHIA-LO, de TU-LE et de la Rivière noire. Durant cette période, dix-sept avions du groupe sont touchés par la D.C.A..
C'est par la bataille de NA-SAN et du pays THAI que commence l'année 1953. C'est aussi à partir de ce moment que se développe considérablement la D.C.A. adverse. Le groupe est engagé dans les grandes opérations:
"Hirondelle", visant la destruction des dépôts Viêt-minh.
"Camargue", contre les côtes marécageuses d'ANNAM.
"Mouette", dans le Delta tonkinois.

L'année se termine avec l'opération "Castor", implantation du camp retranché de DIEN-BIEN-PHU. Un avion est abattu pendant cette période, son équipage est tué, tandis que dix-sept autres appareils sont gravement touchés.
1954 est surtout l'année de DIEN-BIEN-PHU.
Le groupe redouble d'efforts pour la défense de cette cuvette de triste renommée. En avril, alors que l'agonie du camp retranché est presque consommée, le groupe perd trois B 26 "Invader" abattus par la D.C.A. Viêt-minh. Le 8 mai, après cinquante six jours de siège la garnison cesse le combat.

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Douglas B25 "Invader du GB 1/25 en opération en Indochine

BG 1/25 "Tunisie" pendant la campagne d'Indochine


Mais la perte de cette bataille ne marque pas la fin des combats. Le groupe intervient dans toutes les opérations qui précèdent l'armistice. Celui-ci, signé à GENEVE le 20 juillet 1954 est effectif le 1ier août. Le VIET-NAM est coupé en deux, le long du 17ème parallèle. Les unités françaises se regroupent au Sud du pays. Le GB I/25 se replie sur la base de TOURANE le 26 juillet. Là, il attend avec nostalgie sa dissolution qui s'accomplit le 1ier août 1955.
Pendant cette campagne, le groupe a effectué 14.200 heures de vol, en quelques 7.179 missions de guerre.
Le GB I/25 fait l'objet de quatre citations à l'ordre de l'Armée aérienne au titre de la campagne d'INDOCHINE. Ces citations comportent l'attribution de la Croix de guerre des Théâtres d'opérations Extérieures avec palmes.
Avec la dissolution de son dernier groupe, la 25ème Escadre de bombardement cesse d'exister, et son drapeau, sous lequel le GB I/25 a servi depuis sa création, est remis au Service Historique de l'Armée de l'Air (S.H.A.A.)
A l'issue de la guerre d'INDOCHINE, les groupes de bombardement sont dissous, et les B 26 "Invader" sont restitués à l'U.S Air Force.
La FRANCE n' a momentanément plus d'aviation de bombardement. Néanmoins celle-ci va être rapidement remise sur pied à l'occasion des événements d'ALGÉRIE et grâce aux livraisons prochaines de bombardiers à réaction SO 4050 "Vautour" à l'Armée de l'air.


DISTINCTIONS du Groupe de Bombardement I/25 « TUNISIE » pendant la campagne d’INDOCHINE.
CITATION A L’ORDRE DE L’ARMÉE  ( Décision n° 18 – 08 juillet 1953)
 

« Groupe de bombardement léger, aux magnifiques traditions, qui vient encore prouver l’ardeur de son enthousiasme en livrant des combats généreux dans le ciel d’Extrême-Orient.
« Sous le commandement du Commandant DELEUZE, ses équipages, animés d’un dynamisme exemplaire, ont puissamment contribué aux succès des combats livrés dans la région de Nghia Lo et du Pays Thai ; Se dépensant sans compter de jour comme de nuit, au mépris d’un relief hostile et de difficiles conditions atmosphériques et d’une D.C.A. dense et précise, a fourni par la précision de ses bombardements et l’efficacité de l’appui aux troupes au sol, un appoint qui a permis à nos éléments, tant par la destruction de nombreux adversaires que par la démolition de points sensibles indispensables aux rebelles, de mener à bien un dur combat de jungle pendant la campagne 1952-1953.
« Grâce au dévouement de ses mécaniciens et de son personnel sédentaire, a pu accomplir ses missions dans d‘excellentes conditions matérielles. »


CITATION A L’ORDRE DE L’ARMÉE  (décision n° 25 – 25 juillet 1953)
 
« Unité de bombardement reconstitué fin 1951 pour servir en Extrême-Orient. Sous l’impulsion du Commandant BORNECQUE, puis du Commandant DELEUZE, grâce à la valeur de ses équipages et de son personnel au sol, vient, en 21 mois de combats incessants, d’ajouter une page nouvelle à un passé déjà riche de gloire.
» A pris une part importante à toutes les opérations du Nord-Vietnam depuis avril 1952, obtenant des résultats remarquables malgré des circonstances atmosphériques parfois difficiles et une D.C.A. souvent précise. Dans le même temps, a participé aux attaques aériennes sur les arrières rebelles : voies de communication, dépôts de munitions, ateliers, concentrations de troupes.
» Du 1ier avril au 31 décembre 1952, a effectué 1738 missions de guerre n° 2 en 3550 heures de vol, a largué plus de 1300 tonnes de bombes et tiré près de 650000 cartouches, a eu 17 avions touchés par la D.C.A. rebelle » 

CITATION A L’ORDRE DE L’ARMÉE  ( Décision n°72 – 26 octobre 1954).
 
« Groupe de bombardement au passé déjà lourd de traditions, vient d’ajouter une nouvelle page glorieuse à son actif par son engagement total et constant dans la bataille du Nord Laos.
« Sous le commandement du Commandant BARRAS, ses équipages animés d’une foi ardente, viennent d’effectuer, de jour comme de nuit, du 13 mars au 9 avril, plus de 1000 heures de vol en 358 sorties au seul profit du centre de résistance de Dien-Bien6Phu, larguant durant cette période 530 tonnes de bombes.
« Grâce à l’ardeur magnifique et au travail sans répit de son personnel au sol, a pu exécuter ses missions dans d’excellentes conditions et participer ainsi avec une efficience certaine au soutien des unités de l’Armée de Terre et cela, en dépit des conditions météorologiques souvent défavorables et de la D.C.A. adverse qui lui a détruit un avion et endommagé cinq autres durant la période précitée.
Totalise en Extrême-Orient, 5355 missions de guerre n° 2 en 11004 heures de vol. »