PREMIÈRE TRAVERSÉE OCÉANIQUE EFFECTUE
PAR UN AVION DE COMBAT A RÉACTION FRANÇAIS.

   Au début du mois de mai, personnel et matériels étaient prêts à entreprendre l’expédition.

   Le 10 mai, à 9 heures locales précises, conformément à l’ordre d’opérations, le Mirage IV et le C-135 F décollaient de Mont-de-Marsan à destination de Boston-Otis. Un deuxième C-135 F assurant le support technique (personnel mécanicien et matériel de mise en œuvre et dépannage) avait effectué le même trajet la veille.

   Les conditions météo ne s’annonçaient pas favorables. Le 9 mai une profonde dépression intéressait le nord-est des États-Unis et une partie de l’Atlantique, sévissant sous forme de tempête. Les prévisions du 10 mai laissaient espérer un léger décalage de la perturbation vers le nord de l’itinéraire, mais plafonds bas et averses devaient persister sur le terrain d’arrivée tandis que le régime des vents en altitude se caractérisait par de forts vents de force très supérieure à 100 nœuds sur la majeure partie du trajet.

   La mission était cependant réalisable.

   Deux ravitaillements en vol étaient initialement prévus. Devant l’importance des vents debout, le deuxième fut scindé en deux. Ainsi, tout au long du parcours, le Mirage IV avait toujours suffisamment de pétrole dans ses réservoirs pour pouvoir rejoindre, même sur un seul réacteur, soit les îles des Açores où était temporairement stationné un avion « Constellation » SAMAR de l’E.A.R.S de Toulouse, soit le terrain de Gander, au Canada.

   Les vents rencontrés étaient effectivement forts, mais la nébulosité était inférieure aux prévisions et le vol aux instruments ne dépassa pas deux heures au total.
La première traversée de l’Atlantique par un avion de combat français était réalisée en 7 h 40 de vol.

   Les trois étapes suivantes furent effectuées dans des conditions aussi satisfaisantes. Pas le moindre dépannage ne fut nécessaire et les heures de décollage prévues par l’ordre d’opérations furent respectées à la minute. L’accueil sur les bases de l’U.S.A.F. fut extrêmement cordial. Le Mirage IV fut particulièrement entouré, admiré, et le nombre de photos et de films pris, de questions posées, suffit à montrer l’intérêt qu’il suscita. Une émission de télévision en couleurs fut même consacrée au passage du détachement.

   C’est avec une certaine émotion que les équipages voyaient le but se rapprocher au cours de la dernière étape, au-dessus de ce Pacifique qu’ils avaient tant de fois imaginé à travers les livres et les films et qui s’étendait maintenant sous leurs yeux, entre les bourgeonnements des cumulus. Au milieu de cette immensité, les premiers atolls de la Polynésie française apparurent enfin, avec leurs lagons dont les verts tranchent sur le bleu de l’Océan.

   L’arrivée à Hao, à l’heure prévue, consacrait la réussite de cette première phase de l’opération.